Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/549

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remarquaient que la cocarde noire, adoptée par beaucoup de royalistes, était une « cocarde autrichienne. » Et, plus tard, le conventionnel Thuriot dit à madame Mathieu Dumas, quand son mari fut sur le point d’être arrêté à Soisy, en 1793 : « Citoyenne, ton mari est un aristocrate, un membre du Comitô autrichien^ mais c’est un brave homme qui aur^tit bien servi la république s’il avait voulu... (1). »

Les efTorts des royalistes pour sauver Louis XVI par la force populaire, au besoin par la guerre civile, étaient évidents. Il était distribué dans l’armée, au commencement de janvier 1793, un factum en faveur du roi, avec cette épigraphe :

« Ton maître est dans les fers ; on le ti-aine au supplic(>, soldaf : et tu te tais ! . . . »

Ce factum avait pour titre : Adresse a l’armée française, par un officier français émigré .

Lorsque Louis XVI fut emprisonné au Temple avec sa famille, le Comité autrichien disparut, et le royalisme se réfugia dans les complots des émigrés de l’extérieur et de l’intérieui-. Comme dépendances de ce comité, ajoutons que la Cour établit, par l’entremise du ministre Bertrand de MoUeville, un Club national dans une maison du Carrousel. Son titre pouvait tromper. C’était une réunion anti-révolutionnaire, composée de royalistes, de gardes parisiennes vendues, dans laquelle on fit entrer sept à huit cents ouvriers choisis k qui Ton donnait une paye de deux à cinq livres par jour, que l’on ne manqua pas d’armer de piques, de coiffer du bonnet rouge (2). Les frais d’établissement de ce club coûtèrent 9,000 livres environ, et ceux de son entretien 1,000 livres par jour. Après avoir quitté le ministère, Bertrand de MoUeville fonda à * Paris un autre club, semblable à celui du Club national. « Il y réunit, dit Dulaure, une troupe d’hommes intrépides, propres aux coups de main, et mit à leur tête un nommé Lieutaud, connu à Marseille pour sa violente opposition aux principes de la liberté. » Autres dépendances du Comité autrichien, après sa disparition : Dès 1794, le comte de Provence, régent, forma à Paris une agence royaliste, correspondant avec son conseil de Vérone, où se trouvaient Flaschlanden, Jaucourt et La Vauguyon.

Cette agence, où l’on voyait l’abbé Brotier, Despomelles, la Ville- [1]

  1. (1) Mathieu Dumas avait donné sa démission de directeur-général du dépôt do la guerre. Il recouvra sa liberté. — Souvenirs, t. III, p. 25. (2) Bertrand de MoUeville, Mémoires, t. Il, chap. xxix, p. 303.