Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/599

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citoyens voulaient y chanter une chanson patriotique que le limonadier qu’est aristocrate n’a pas voulu qu’ils chantent chez lui (1). » Un rapport d’agent remarquait, en l’an II : « Sur le boulevard de la rue Poissonnière, au coin de celle de Notre-Dame-de-Recouvrance, est un café appelé le Café français ; on y joue au loto depuis deux heures jusqu’à onze heures du soir, et même plus tard. Les jeunes gens qui y vont habituellement sont tous des fripons ou des ennemis de la chose publique. Ce café mérite d’être surveillé. Les chefs s’appellent Livry et Barthélémy, Italiens, spéculateurs, ennemis de la nation française.

« En général tous les cafés où on joue le loto doivent être surveillés, parce qu’il s’y tient de temps en temps des conciliabules présidés par les hommes de Pitt et de Cobourg (2). » On signala des rassemblements à l’hôtel Sérilly et au Salon des Princes.

En août 1794, les jeunes muscadins de Paris poursuivirent partout les Jacobins, dans les cafés du Palais-Royal, comme dans les autres cafés de Paris, dans les spectacles et les promenades (3). Malheur au café qui avait eu pour habitués des Montagnards, ou seulement des républicains !

Sous le Directoire, ils allaient au Jardin de Paphos (jardin de l’Hospital), rue du Temple, qui était la Folie-Beaujon du quartier, et où l’on jouait gros jeu.

Le Café Garchi, où une trentaine d’officiers et de soldats se rencontrèrent avec des Incroyables, qu’ils battirent impitoyablement (après le 18 fructidor), était regardé par les aristocrates comme « une école du bon ton et des belles manières ». Le Napolitain Garchi, fameux glacier, était renommé pour ses sorbets, et demeurait au bout de la rue de la Loi (rue Richelieu). Il fonda Frascati, dans les beaux jardins de l’hôtel Lecoulleux. On y trouvait une terrasse et des allées éclairées le soir par des verres de couleur. Des feux d’arfices y étaient tirés les jours de grandes fêtes. Le poète Ségur publiait de petits vers sur Garchi, qui eut des concurrents moins célè- [1]

  1. (1) Rapport de police du 1" ventôse an II, signé : Moncey. (2) Rapports de la police, du 19 septembre an II. (3) Voir Club de Clichy.