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XII
INTRODUCTION.

sent-ils, a été maudit par son père, il a été condamné à être le serviteur de ses frères ; les nègres descendent de Cham : donc, en les réduisant à l’esclavage, on ne fait qu’obéir au livre saint. — Mais l’Amérique compte en outre des slavistes polygénistes. Ceux-ci ont remis en honneur, sous des formes diverses et en l’étayant du savoir moderne, la doctrine de La Peyrère, dont d’ailleurs ils parlent fort peu. Tout en proclamant hautement l’inspiration divine de l’Ancien et du Xouveau Testament, ils se sont efforcés de démontrer, par des recherches linguistiques, géographiques ou historiques, que les récits bibliques relatifs à l’origine et à la filiation des hommes s’appliquaient exclusivement aux populations blanches. Ainsi mis à l’aise, ils ont regardé les divers groupes comme autant d’espèces distinctes ; ils ont rapproché le plus possible le nègre des singes, et conclu comme l’avait fait M. Calhoun.

On le voit, des préoccupations fort peu scientifiques sont trop souvent intervenues dans l’examen de la question que nous voulons traiter. — C’est là un fait regrettable, et qu’il importait de faire ressortir dès le début. Seul, il peut expliquer certaines exagérations, certaines assertions, certains oublis trop frappants pour ne pas être quelque peu volontaires ; seul aussi, il explique le ton qui a régné, qui règne trop souvent encore dans les écrits d’un grand nombre d’anthropologistes des deux écoles. De part et d’autre on s’est anathématisé ; et, si de nos jours les mœurs littéraires un peu adoucies ne permettent plus guère l’emploi des gros mots que s’adressaient nos devanciers, on n’en trouve pas moins, jusque dans quel-