Page:A. de Quatrefages - Unité de l'espèce humaine, 1861.djvu/32

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CHAPITRE I.

océans comme autant de fleuves aux berges liquides, et ces autres courants qui, sous le nom de vents, agitent sans cesse l’atmosphère ; réglé cette alternative d’évaporation et de condensation des eaux d’où naissent les ruisseaux et les fleuves ; enfanté en un mot cette multitude de phénomènes connus de tous, et qu’il suffît d’indiquer.

Ici il est impossible de ne pas s’arrêter, de ne pas poser une question qui se présente involontairement à l’esprit de quiconque pense.

Une seule force, l’attraction, suffît pour régir tous les mondes. Est-il probable qu’une dizaine de forces soient nécessaires pour mettre enjeu les corps bruts, éléments de l’un des plus petits de ces mondes ? — Ce contraste répugne à la raison, et les progrès de la science permettent d’espérer que sous peu il disparaîtra. L’homme frappé par les dissemblances apparentes de certains phénomènes, n’a pu d’abord que rapprocher ceux qui se ressemblaient, former ainsi un certain nombre de groupes, et rattacher ceux-ci à autant de causes distinctes. Il a ainsi multiplié de plus en plus le nombre des forces physicochimiques, à mesure qu’il découvrait quelque phénomène nouveau, nettement séparé de ceux qu’il connaissait déjà ; mais chaque jour vient démontrer ce que cette doctrine avait de temporaire. Des faits intermédiaires sont reconnus, et relient l’un à l’autre ceux qu’on croyait les plus éloignés. On fait produire à la même force des phénomènes considérés jusqu’à ce jour comme étant d’ordres différents. Entre les mains de nos habiles physiciens, la même cause mise en jeu engendre à la fois de la chaleur, un cou-