Page:A la plus belle.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Olivier le Dain. Ce n’était pas un diplomate que notre Jeannin. il laissa échapper sa pensée.

— Je croyais, dit-il, que Sa Majesté s’était adressée déjà au comte allemand Othon de Béringhem.

— Oh ! oh ! fit Gillot qui se dérida tout à fait ; nous avons donc deviné, mon compère ? Nous savons que je viens ici de la part de Sa Majeté pour l’affaire du duc François, qui a insulté son seigneur ?

— Le duc François a un suzerain, mais il n’a pas de seigneur répliqua Jeannin vivement.

— Son suzerain, voulais-je dire, reprit Pierre Gillot avec docilité, bien que François de Bretagne ait fait hommage-lige, tête nue et à deux genoux, pour ses domaines de Poitou et Saintonge. Mon compère, le roi ne s’est pas adressé au comte Othon Béringhem, qui est hérétique et païen. Le roi ne s’adresse à de pareilles engeances que pour les donner à son prévôt de corde, M. Tristan Lhermite, qui les donne, lui, au grand diable d’enfer. Le roi, que les têtes folles et les traîtres barons, ennemis du pauvre peuple, calomnient malement du matin au soir, veut la paix et il l’aura. Le roi aime mieux, pardonner que punir.

— On ne dit pas cela, objecta Jeannin.

— On a trop d’intérêt à dire le contraire ! Le roi n’a qu’un désir : prêter l’accolade sincère et loyale à son bon cousin de Bretagne qui le chérirait bien s’il le connaissait mieux ! Dans l’armoire aux conserves, le nain résolvait ce problème de bâiller la bouche pleine.

— Voilà un prêcheur ennuyeux pensait-il, et pourtant les confitures sont bonnes.

— Eh bien ! dit Jeannin, que le roi monte à cheval et qu’il aille rendre visite à son noble cousin,

— Le roi ne peut pas faire cela.

— Parce que ?

— Parce que Dieu lui a mis sur la tête le cimier de fleurs de lis, et que la première couronne du monde ne peut s’abaisser devant la petite couronne d’un vassal.