Page:A la plus belle.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fier-à-Bras. Mais Fier-à-Bras tourna la tête. Jeannin hésita avant de parler.

— Tu ne veux donc plus demeurer au manoir, ma fille ? demanda-t-il avec une sorte de timidité.

La voix de Jeannine devint plus basse et trembla légèrement.

— Je ne le peux plus, mon père, répondit-elle. — Oh ! oh ! oh ! s’écria en ce moment le nain qui se guinda sur l’appui de la croisée ! voyez ! voyez !

Jeannin et sa fille regardèrent au dehors. Dans le chemin qui descendait au Marais de Dol, les derniers rayons du soleil couchant mettaient de rouges reflets aux casques et cuirasses d’une troupe d’hommes d’armes. Au centre de la troupe, l’homme au surcot brun chevauchait sur son humble bidet.

Maître Pierre Gillot n’était pas entré à l’étourdie sur le domaine de son cousin de Bretagne !

Jeannin détourna les yeux de ce spectacle et les reporta sur sa fille.

— Enfant, dit-il en la baisant au front, tu es comme ta mère ; ce que tu penses est bien pensé. Va demeurer avec ton aïeule, et que Dieu nous protège !

— Dame Fanchon Le Priol, grommela le nain, loge vis-àvis de l’hôtel de Maurever. Vous verrez que désormais messire Aubry ne se fera plus prier pour rendre visite à sa belle cousine !