page, devait être à la fête, et Javotte n’était pas sans espérer qu’à défaut de l’écuyer Huel, le page demanderait un jour ou l’autre sa main rougeaude.
L’escorte s’enfonçait dans le petit vallon d’Annoy. Le chemin se creusait, les talus couronnés de haies montaient. Au-devant des hommes d’armes de Maurever, un vieillard se montra, chevauchant sur un âne.
— L’ermite du mont Dol ! l’ermite ! le saint ermite !
Ces paroles coururent aussitôt dans la cavalcade, qui s’arrêta d’elle-même. L’ermite du mont Dol avait la vénération de tout le pays. C’était un saint, d’abord ; en outre, c’était un prophète.
Dame Josèphe de la Croix-Mauduit voulut mettre pied à terre, afin d’exécuter une révérence de dignité seconde, la révérence de dignité première étant réservée au suzerain.
Berthe et Jeannine descendirent également de cheval.
L’ermite donna sa bénédiction aux hommes d’armes, inclinés sur le pommeau de la selle. Il était arrivé aux dernières limites de l’âge et la majesté de la vieillesse brillait à son front, couronné de cheveux blancs. Son visage amaigri par les austérités disait énergiquement la force et la pureté de son âme chrétienne.
Il salua la douairière et Berthe d’un léger signe de main.
Quant à Jeannine, ce fut assurément quelque chose d’étrange.
Il la bénit. Il la regarda. Il lui dit
— Dieu vous garde, ma noble dame !
— Oh ! oh pensa Javotte, le bonhomme n’y voit plus goutte !
Jeannine mit la main sur son cœur et faillit tomber à la renverse, car elle avait rencontré, à ce moment-là même, pour la première fois depuis le départ, le regard étincelant d’Aubry de Kergariou.
Berthe se demandait.
— Noble dame ! Pourquoi noble dame ?
Jeannin qui avait dans l’esprit un monde d’idées confuses, ne prit point garde.
Aubry, mettant un genou en terre, baisa la main de l’ermite