Une partie de la foule, séduite par cet éloquent discours, s’engouffra sous la toile. On lui montra des serpents de carton et un lapin qui jouait de la clarinette.
— Or çà ! criait de l’autre côté du pont un barde de Quimper-Corentin, vous savez bien que les Normands cagneux viennent tous de Rollon, qui avait une tête d’âne. Voyez plutôt sa ressemblance sur mon tableau ! Il avait une fille nommée Virago, qui ne trouvait pas de mari et vivait en honnête Normande. À bas les Normands ! Levez la tête et regardez au nord ; vous voyez bien la mer ? Eh bien ! là-bas, entre Carolles et Cancale, à l’endroit où est la mer, il y avait autrefois une grande et riche cité qu’on appelait Hélion ; elle était défendue par des digues contre la colère de l’Océan[1]. Les clés de la digue ne quittaient jamais le chevet de Rollon Tête-d’Ane, qui les mettait sous son oreiller. Voici ce qui advint, mes amis ; écoutez et vous en saurez aussi long que moi. On était en guerre. Le chef des ennemis était un jeune duc qui rencontra Virago à la promenade. Elle lui dit :
- ↑ C’est la légende travestie de la ville d’Is, du roi Grallon et de sa fille Abès.