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XIX


OÙ L’ON CONTINUE À TIRER LA GRENOUILLE


Une partie de la foule, séduite par cet éloquent discours, s’engouffra sous la toile. On lui montra des serpents de carton et un lapin qui jouait de la clarinette.

— Or çà ! criait de l’autre côté du pont un barde de Quimper-Corentin, vous savez bien que les Normands cagneux viennent tous de Rollon, qui avait une tête d’âne. Voyez plutôt sa ressemblance sur mon tableau ! Il avait une fille nommée Virago, qui ne trouvait pas de mari et vivait en honnête Normande. À bas les Normands ! Levez la tête et regardez au nord ; vous voyez bien la mer ? Eh bien ! là-bas, entre Carolles et Cancale, à l’endroit où est la mer, il y avait autrefois une grande et riche cité qu’on appelait Hélion ; elle était défendue par des digues contre la colère de l’Océan[1]. Les clés de la digue ne quittaient jamais le chevet de Rollon Tête-d’Ane, qui les mettait sous son oreiller. Voici ce qui advint, mes amis ; écoutez et vous en saurez aussi long que moi. On était en guerre. Le chef des ennemis était un jeune duc qui rencontra Virago à la promenade. Elle lui dit :

  1. C’est la légende travestie de la ville d’Is, du roi Grallon et de sa fille Abès.