marier leurs enfants, et j’ai vu ces épousailles-là au mois d’août de l’an quarante-six le fils de Joël, la fille de Charlot ; un joli couple. Attendons quand on vit, on voit.
À l’hôtel du Dayron, la terrasse regorgeait de nobles dames et de seigneurs. On s’y occupait beaucoup aussi des trois cavalcades. Berthe de Maurever et Jeannine s’étaient rapprochées. Elles suivaient de l’œil avec une curiosité inquiète, la troupe des gens de Chaussey qui remontait en ce moment le cours du Couesnon et s’avançait vers la terrasse.
En un certain moment, le vent déroula les plis de la bannière écarlate, pailletée d’argent. Le soleil couchant faisait briller les lettres de la devise.
On put lire ces quatre mots qui semblaient écrits en caractères de feu :
Berthe et Jeannine échangèrent un rapide regard.
Ce regard fut intercepté par un beau jeune homme au visage pâle et fier, qui s’accoudait au balcon de la terrasse et qui fixait depuis longtemps sur les deux jeunes filles ses yeux noirs, ardents et hardis.
Il eut un étrange sourire.