Page:A la plus belle.djvu/181

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Il portait la barbe découpée à la manière des gens de l’est, et ses cheveux d’un noir de jais, tombaient en boucles sur son front. C’était déjà faire preuve d’esprit que d’éviter ces deux lourdes, roides et sottes masses de cheveux roux que les peintres collent à la joue de tous les malheureux qui vivaient en ce temps-là : les peintres de la couleur locale.

Messire Olivier avait, en conscience, bien d’autres mérites ! Il tenait la lance à miracle ; il était à cheval comme un dieu. Pour tout dire en un mot, les charmantes et nobles dames qui abondaient à l’hôtel du Dayron n’avaient de regards que pour messire Olivier, baron d’Harmoy.

Or, les dames ne se trompent point. Celui qu’elles daignent remarquer est assurément remarquable. Il faut avoir cela pour dit.

D’où venait-il, cependant, ce beau chevalier ? On ne savait trop. Le quinzième siècle n’était pas, à beaucoup près, si curieux que les siècles suivants. À une bonne épée on ne demandait guère : D’où sors-tu ? Il n’y avait point d’intendants royaux pour éplucher les quartiers de noblesse, et d’Hosier était à naître.

Il est possible, d’ailleurs, que le baron d’Harmoy n’eût pas admis volontiers le droit d’indiscrétion. Il était gentilhomme ; il se mêlait à la cour du roi de France. Le motif de son séjour à Avranches, où il demeurait, était sans nul doute sa dévotion à l’archange saint Michel.

Nous disons qu’il demeurait à Avranches. Il y avait, en effet, sous le château, un magnifique hôtel loué par lui et très richement équipé. Mais les fenêtres en étaient ordinairement closes. Le baron d’Harmoy allait, venait. Personne n’aurait su dire au juste ce qu’il faisait ou ne faisait point.

Nous n’affirmerions pas que ce grain de mystère ne fût pas pour un peu dans la vogue dont il jouissait.

Quoi qu’il en soit, cette vogue était complète. Tous les hommes étaient à sa suite ; toutes les dames se disputaient son sourire.

Madame Reint se disait, à le voir si parfait cavalier :