enfin ; mais je suis obligé de le proclamer moi-même : il n’y a qu’un Créateur.
— Alors, repartit le comte, ramène-moi au Teufelgau, que j’aille me prosterner au pied des autels où l’on adore le Créateur. S’il est tout, tu n’es rien !
Satan réfléchit une seconde fois et plus longtemps.
— Écoute, reprit-il comme malgré lui, on fait de l’or avec du sang !…
Messire Olivier essuya quelques gouttelettes de sueur qui perlaient à son front et poursuivit :
— Satan dit encore au comte Otto :
— Bien loin vers l’ouest, aux rivages de la Bretagne, il est une ville morte qui se nomme Hélion. Dans les ruines de cette ville habite un vieillard deux fois centenaire qui a le secret de la sublime science. Deux mortels ne peuvent pas connaître à la fois ce mystère. C’est la loi. Va, prends-lui son secret, tu seras mon maître.
— Pour lui prendre son secret, demanda le comte, faut-il sa mort ?
Il faut sa mort, répondic Satan.
Le comte Otto passa le Rhin, traversa la France ei vint au pays de Bretagne. Il cherchait une ville morte qui avait nom Hélion. Personne ne sut lui dire où était cette ville.
Il visita Bellisle et la Petite-Mer (Morbihan), Quiberon, Groix, Glénan, la pointe redoutable de Penmarch, Sen, la païenne, le bec du Raz, où la mer tourmentée et folle lance son écume jusqu’au ciel, Ouessant, la reine des tempêtes, Abervrach, l’île de Baz et Saint-Pol, les Sept-Îles, Bréhat, Fréhel, Samt-Malo, le rocher vaillant, Cancale, la gracieuse cité qui regarde en riant le grand tombeau des Grèves. Nulle part il ne rencontra Hélion, la ville morte.
Une nuit, derrière le mont Saint-Michel, le brouillard couvrait la mer montante. Otto sauta dans une barque et rama vers le large. Quand le brouillard se leva, il aperçut au loin une lueur sur la mer. Otta tourna la proue de sa barque vers cette lueur. Il prit terre dans la plus grande des îles Chaussey. Il