Page:A la plus belle.djvu/56

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pays chrétiens pour honorer monseigneur saint Michel dans sa basilique.

Chaque jour la grève ouvre et referme ses sables sur bien des cadavres.

Car les étrangers ne savent pas les dangers des grèves.

Mais tous les cadavres qui se cachent sous le sable ne sont pas les victimes des tangues mouvantes.

L’homme de fer, le mécréant, l’ogre d’Allemagne, le comte Otto Béringhem, vient en aide aux tangues et à la mer.

On sait bien cela, les gars et les filles, mais qui oserait s’attaquer au comte Otto Béringhem, l’Homme de Fer ?

Souvent la pauvre étrangère, qui a traversé tant de contrées pour arriver au terme du pèlerinage, s’endort sous sa tente avec son enfant à ses côtés. Quand l’aube vient, elle s’éveille. Son enfant n’est plus là, son enfant chéri.

C’est le comte Otto qui a glissé sa main damnée sous la toile de la tente.

Le fiancé a dit à sa fiancée : À demain !

Et les beaux rêves qu’il fait en attendant le jour !

Le jour se lève. Où est la fiancée ?

Le comte Otto saurait le dire.

Voici un jeune garçon qui aura quatorze ans viennent Pâques fleuries. On lui apprend le catéchisme afin qu’il fasse sa première communion comme le fils d’un chrétien. Son père et sa mère ont épargné sur le nécessaire de chaque jour, pour lui donner un beau vestaquin de toile grise, feutrée de laine, et des sandales pointues en bon cuir tanné.

Oh ! l’enfant heureux !

Les cloches sonnent à la paroisse. On sent les feuilles de rosés et le buis coupé menu, comme un jour de Fête-Dieu ! Qu’il vienne, l’enfant avec ses habits neufs et ses cheveux blonds peignés par sa mère attendrie. Mais qu’il vienne ! on l’attend.

Hélas ! Seigneur ! l’enfant ne viendra pas Le comte Otto avait marqué d’une croix la pauvre porte de son père !

On eût dit que le nain s’était transfiguré au feu d’une inspi-