Page:A la plus belle.djvu/61

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soleil ? Oh ! oh ! je sais bien d’autres rubriques ! Mais il ne s’agit ni du soleil ni de moi, ni des relations que nous pouvons avoir ensemble. Parlons du Maudit.

Le comte Otto Béringhem qui a la barbe bleue sera tué, non point par un tribunal de hauts barons et d’archevêques, comme Gilles de Laval, baron de Raiz ;

Non point par les soldats du roi Louis de France ;

Non point par les hommes d’armes de François de Bretagne ;

Non point par la lance d’un chevalier ;

Non point par la foudre de Dieu tout-puissant :

Le comte Otto Béringhem, l’Homme de Fer qui a la barbe bleue périra par la main d’une femme !

— D’une femme ! répéta tout d’une voix l’assistance, réveillée à ce coup.

— D’une jeune fille, reprit Fier-à-Bras ; et ce n’est pas moi qui le dis. Je ne suis pas sorcier, quoique vous en ayez, mes braves gens. Je ne suis non pas plus assez saint pour que Jésus ou la Vierge me révèle l’avenir. Avez-vous entendu parler d’Enguerrand le Blanc, l’ermite du mont Dol ?

— Si nous avons entendu parler du bienheureux Enguerrand s’écria dame Goton.

— Femme, retiens ta langue fit Mathurin.

— De quoi ! Tu m’empêcheras peut-être de dire que c’est le bienheureux Enguerrand qui a béni mon rosaire !

— Je dis que tu ferais mieux d’écouter ! — Et toi, tu ferais mieux de te taire !

— Patience des anges ! s’écria Mathurin sans dents en serrant les poings. J’ai envie…

— De quoi ? de quoi as-tu envie, l’homme ? riposta la bonne femme en prenant sa posture de combat.

— La Goton, prononça Fier-à-Bras d’un ton sévère, les chapelets que bénit le saint ermite du mont Dol se changent en couleuvres dans la poche des méchantes femmes !

— Oh ! gronda Mathurin, la femme doit avoir une couleuvre sous son tablier, alors, pour sûr !

— La paix ! Le matin de la Noël dernière, le bienheureux