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VIII


COMPÈRE GILLOT


Le mont Saint-Michel était comme un géant sombre au milieu des grèves inondées de lumière. Sur le rocher noir, les hautes et fortes murailles se dressaient, surmontées par les édifices du monastère, au-dessus desquels l’église s’élançait hardiment. Au-dessus de l’église, la Merveille tenait en équilibre son campanile fier, couronné par la statue d’or de l’Archange.

Les vitraux de l’église brillaient comme autant d’étincelles au milieu de cette masse d’ombre, et la statue ailée de saint Michel s’enflammait de tous les rayons de midi.

Il y avait au dernier étage des bâtiments qui servaient de retraite aux religieux, une petite cellule dont la fenêtre étroite s’ouvrait sur la baie. On voyait de là Cancale, la Houle, les côtes de Cherrueix, Tombelène et les îles, quand le jour était clair. Cette cellule était si haut montée qu’elle atteignait presque la base du campanile. Un pauvre vieux moine convers l’habitait.

Un moine qui avait été soldat dans sa jeunesse, car il contait de bonnes histoires de guerre. Ses jambes de soixante ans devaient peiner grandement, quand il montait les centaines de marches qui conduisaient à son réduit. Mais il était encore vert et il avait du courage. On l’appelait frère