enfants qui subiront le joug étranger et qui perdront le nom de leur pays !
« Ecoutez ! nos pères sont venus de Galles et de Cornouailles. Mais ce sont des Saxons et des Normands qui sont maintenant aux pays de Cornouailles et de Galles.
« Ne vous faites pas Anglais !
« Le Français vient. Bretons ! ô vieux fils de Murdoch où sont vos lances ?
« Ne vous faites pas Français !
« Mettez plutôt votre sang dans la rivière du Couesnon qui s’élargira comme une mer pour séparer les Français des Bretons !
« Éoutez ! voici les lances de Bretagne : voici les épées de Léon et les épées de Tréguier ! Voici les chevaliers de Kerne ! Voici les hommes d’armes de Quimper ! Nantes ! Rennes ! Vannes ! Saint-Malo ! Dol et Pontivy ! bonnes villes, soldats vaillants ! Fougères, Vitré, Morlaix, Lannion, Guingamp, Redon, Montfort, Lamballe, Moncontour, Hennebon ! La France a-t-elle plus de cités que nous et de plus fortes ! car j’oublie Châteaulin, Combourg, Loudéac, Saint-Pol, Paimpol, Brest, le grand port de mer ; Pontorson, Quimperlé, Chateaubriand Ploërmel et Guérande ! C’est un ancien royaume que notre Bretagne ! Combattez et mourez : ne vous faites pas Français !
« Mes parents, mes enfants, mes vassaux, je suis content de mourir, puisque ceux qui vivront vivront déshonorés.
« Écoutez ! les années ont passé. La France a reculé devant le jeu de l’épée. Louis XI est mort, mais son esprit cauteleux lui survit…»
— Eh bien ! mon compère ! s’écria ici Bruno, qu’avez-vous donc !
Les dents de Pierre Gillot avaient claqué à ce mot « Louis XI est mort, » et il était tout blême.
— Allez toujours dit-il.
Et il ajouta tout bas :
— Les rois sont mortels, je le sais bien.
— C’est vous qui le voulez, reprit Bruno, remarquant son