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Puisque la foi se fane et que les pauvres pleurent
Indifférents aux soirs qui me laissent troublé,
Je viens mêler, au seuil des rustiques demeures,
Toutes mes stances d’aube au tremblement des blés.

Et disant la candeur des humbles dans l’étable,
Je fais luire la joie sur leurs plaintifs foyers
Pour que toujours le pain ensoleille leur table
Et que leurs doigts d’enfants se joignent pour prier.

Et je conduis, avec des chants, leurs pas obscurs
Vers tous les éblouissements qui me bercèrent
Voulant que les coteaux fassent leurs yeux plus purs
Et l’azur apaisant, plus douce leur misère.

Et comme sur la glèbe douloureuse, ils prient
Sans que le ciel s’entr’ouvre à leurs sanglots, afin
Que tout sur notre terre sainte leur sourie,
J’apporte les clartés d’amour dont ils ont faim ! »