Page:Abadie - L’Angelus des sentes, 1901.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
xiv

appel de baisers. Le paysage, éclairé du réveil des sorbiers et des houx, que les bruyères, au loin, tavelaient d’or, m’induisait au rêve. Devant la forêt foisonnante de rythmes j’évoquais, pour éveiller l’écho des antiques tendresses, des figures de jeunesse et de foi. Mais voici que la brise passa, balsamique et chuchoteuse. Les aubépins secouèrent leurs scintillantes joailleries et par l’entrebâillement de fenêtres d’azur m’apparut alors, au bord des fleurs, penchée sur le gouffre, dans une pose de méditation, celle qui fit pleurer de douleur et de joie le grand Homère.

Ses cheveux de soleil ondoyaient au vent. Elle parlait aux ineffables fleurs des sentes, et des colombes étincelaient sur ses épaules nues. Son front, éploré de souffrante pâleur, disait le deuil des dieux morts, mais son sourire était fleuri de renaissantes fois. Ses yeux chantaient des poèmes rythmés par l’Azur. Elle semblait porter l’amour dans ses mains resplendissantes.

Je m’approchai d’elle à la faveur des hauts genêts d’or, et j’écoutai sa voix d’où fluaient toutes les ten-