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des roses. Mais nous sommes aussi ceux qu’on crucifia.

« Et nos larmes sur vos plaies s’épandront comme une pluie de fleurs célestes. Vous boirez notre essence divine dans des coupes resplendissantes pour en vivifier vos âmes. Nos yeux ont vu les mondes des splendeurs éternelles ; c’étaient les Florides du Rêve ! Nous gardons de nos voyages d’étranges visions consolatrices. Ouvrez vos cœurs ! Nous apportons le Rythme et la Beauté. Nous sommes ceux qui vont vers l’Aurore et vers la Vie ! »

Polymnie se tut, éclatante. Et comme applaudissaient d’extase les trembleuses avoines, elle leva sur les fleurs son harmonieuse beauté. À ce moment priaient les hauts genêts d’or, et les luzernes se signaient dans la lumière. Elle me vit à genoux et m’investissant de sa Lyre, de ses colombes et de ses fleurs, elle me dit : C’est l’Angelus des Sentes !

Et riant d’un jeune rire puéril, elle s’enfuit vers la grotte d’aube et d’or aux chants des torrents et des brises….


Val du Bergons.

Michel Abadie.