Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/100

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blesses dont elle s’accusait tous les jours en étaient une preuve assurée, il crut qu’il était de son devoir de réformer cette nature qu’il appelait corrompue, et qu’il lui était permis de s’ériger en second réparateur. Pour venir à bout de ce dessein, il jeta d’abord dans son âme toutes les semences de scrupules, de doutes et de peines de conscience qu’il se put imaginer. Il le fit avec d’autant plus de succès, qu’il y trouva beaucoup de disposition, et que les confessions ingénues qu’il avait souvent entendues de cette innocente, lui avaient fait connaître l’extrême tendresse où elle était pour ce qui regardait son salut.

Il lui fit donc la peinture du chemin du ciel avec des couleurs si rudes, qu’elles auraient été capables de rebuter de sa poursuite une personne moins zélée et moins fervente qu’elle. Il ne lui parlait que de la destruction de ce corps qui s’opposait à la jouissance de l’esprit, et les pénitences horribles dont il l’accablait étaient, selon lui, des moyens absolument nécessaires, sans lesquels il était impossible d’arriver dans cette céleste Jérusalem.

Dosithée, n’étant pas capable de se défendre de ces arguments, se laissa aveuglément conduire par la dévotion indiscrète dont elle devint infatuée ; la simple pratique des commandements de Dieu ne passa plus chez elle pour être de grand prix auprès de lui ; il fallait que les œuvres de surérogation l’accompagnassent ; et encore, avec