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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/105

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plaisir qui la ravit jusqu’au ciel. Dans ce moment, la nature, unissant toutes ses forces, brisa tous les obstacles qui s’opposaient à ses saillies, et cette virginité, qui jusque-là avait été captive, se délivra sans aucun secours avec impétuosité, en laissant la gardienne étendue par terre pour marque évidente de sa défaite.

Agnès. — Ah ! j’aurais voulu être là présente !

Angélique. — Hélas ! quel plaisir aurais-tu eu ? Tu aurais vu cette innocente à demi nue pousser des cris dont elle ignorait la cause ! Tu l’aurais vue dans une extase, les yeux à demi mourants, sans force ni vigueur, succomber sous les lois de la nature toute pure, et perdre, malgré ses soins, ce trésor dont la garde lui avait donné tant de peine.

Agnès. — Eh bien ! c’est en quoi j’aurais pris du plaisir, de la considérer ainsi toute nue, et de remarquer curieusement tous les transports que l’amour lui causait au moment qu’elle fut vaincue.

Angélique. — Sitôt que Dosithée fut revenue de cette syncope, son esprit, qui n’était auparavant enseveli que dans d’épaisses ténèbres, se trouva à l’instant développé de toute son obscurité, ses yeux furent ouverts, et, réfléchissant sur ce qu’elle avait fait et sur le peu de vertu de son saint qu’elle avait tant invoqué, elle connut qu’elle avait été dans l’erreur, et s’élevant ainsi de sa propre force, par une métamorphose surprenante, au-dessus de toutes les choses qu’elle n’osait