Agnès. — Tu l’as donc à la fin reconnue ?
Angélique. — Oui, tant à sa parole qu’à ses gestes, et aussi à plusieurs autres choses qui m’ont tout à fait persuadée que c’était elle.
Agnès. — Eh ! dis-moi, qui était ce gentilhomme qui l’accompagnait ?
Angélique. — C’était le marquis de Grassio, natif de Florence, homme de très belle taille et fort richement habillé.
Agnès. — Dis-moi donc la nouvelle que sœur Cornélie t’a dite, et m’en fais le discours le plus bref qui se pourra.
Angélique. — Je vais vous en faire le récit. C’est que sœur Cornélie doit se marier avec Frédéric, qui est un jeune homme de fort honnête famille, qui a la taille bien faite. Je vous en pourrais faire le portrait, mais je vous dirai franchement que j’aime mieux faire celui de notre sexe que celui des hommes.
Agnès. — Eh ! pourquoi cela ? Est-ce qu’il y a si grande différence des hommes à nous ? Puisque tu ne me veux pas dire ou dépeindre les traits d’un homme, fais-moi donc le portrait de sœur Cornélie ; car il y a longtemps que je ne l’ai vue, et même je ne sais pas si je la reconnaîtrais.
Angélique. — Ah ! sœur Agnès, oui-dà et de bon cœur. Tu sauras qu’elle est assez grande de taille, et marche extrêmement bien ; elle a un très beau corps, la chair ferme et blanche comme de l’ivoire, et douillette à manier ; elle n’est ni