Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/14

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de mémoire pour rapporter avec fidélité la plus grande partie des choses passées. Je me suis tellement proposé votre satisfaction dans cet ouvrage, que j’ai passé indifféremment sur toutes les raisons qui semblaient devoir m’en éloigner ; la crainte seule qu’il ne tombât entre d’autres mains que les vôtres m’a fait un peu différer de vous l’envoyer, et j’en serais moi-même le porteur, si mes affaires présentes me le permettaient, plutôt que de confier au hasard de la poste, ou d’un messager, un paquet de cette conséquence. Car, de bonne foi, quelle confusion pour vous et pour moi, si des conférences si secrètes allaient devenir publiques ! et si des actions qui ne sont point blâmées que parce qu’elles ne sont pas connues allaient faire un nouveau sujet de critique, et fournir des armes à tous ceux qui voudraient nous attaquer ! Quelle posture et quelle contenance pourrait tenir notre belle religieuse, si le malheur l’exposait en chemise à la vue de tous les curieux ? Que d’opprobre, que de honte, que d’embarras ! Toutes ces considérations sont fortes ; mais vous avez voulu être obéie, et vous avez traité de réflexions légères et timides, des raisons solides et assurées.

Quoi qu’il arrive, je m’en lave les mains : et pour quitter un peu le sérieux, je vous dirai qu’il n’y a rien à appréhender pour sœur Agnès, quand même le mauvais destin se mêlerait de la conduite de tout ceci, puisque la peinture que j’en fais dans