Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/18

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m’avait ainsi surprise ; mais je suis certaine que vous avez beaucoup d’affection pour moi, c’est pourquoi je n’ai pas sujet de rien craindre de vous, quelque chose que vous eussiez pu voir.

Angélique. — Tu as raison, mon enfant, de parler de la sorte ; et quand je n’aurais pas pour toi toute la tendresse qu’un cœur peut ressentir, tu devrais toujours avoir l’esprit en repos de ce côté-là. Il y a sept ans que je suis religieuse ; je suis entrée dans le cloître à treize, et je puis dire que je ne me suis point encore fait d’ennemies par ma mauvaise conduite, ayant toujours eu la médisance en horreur, et ne faisant rien plus au gré de mon cœur que lorsque je rends service à quelques-unes de la communauté. C’est cette manière d’agir qui m’a procuré l’affection de la plupart, et qui m’a surtout assuré celle de notre supérieure, qui ne m’est pas d’un petit usage dans l’occasion.

Agnès. — Je le sais, et je suis souvent étonnée comment vous aviez pu faire pour vous ménager celles même qui sont d’un parti différent : il faut sans doute avoir autant d’adresse et d’esprit que vous, pour engager de telles personnes. Pour moi, je n’ai jamais pu me gêner dans mes affections, ni travailler à avoir pour amies celles qui, naturellement, m’étaient indifférentes. C’est là le faible de mon génie, qui est ennemi de la contrainte, et qui veut en tout agir librement.

Angélique. — Il est vrai qu’il est bien doux