Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/24

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ressentir pour vous une affection nouvelle, et plus tendre et plus forte qu’auparavant ! Je ne sais d’où cela provient, car de simples baisers peuvent-ils causer tant de désordre dans une âme ? Il est vrai que vous êtes bien artificieuse dans vos caresses, et que toutes vos manières sont extraordinairement engageantes ; car vous m’avez tellement gagnée, que je suis maintenant plus à vous qu’à moi-même. Je crains même que dans l’excès de la satisfaction que j’ai goûtée, il ne se soit mêlé quelque chose qui me donnât sujet de réfléchir sur ma conscience ; cela me fâcherait bien ; car quand il faut que je parle à mon confesseur de ces sortes de matières, je meurs de honte, et je ne sais par où m’y prendre. Ah Dieu ! que nous sommes faibles, et que nos efforts sont vains pour surmonter les moindres saillies et les plus légères attaques d’une nature corrompue !

Angélique. — Voici l’endroit où Je t’attendais : je sais que tu as toujours été un peu scrupuleuse sur beaucoup de sujets, et qu’une certaine tendresse de conscience ne t’a pas donné peu de peine. Voilà ce que c’est que de tomber entre les mains d’un directeur mal appris et ignorant. Pour moi, je te dirai que j’ai été instruite d’un savant homme de quel air je devais me comporter pour vivre heureuse toute ma vie, sans rien faire néanmoins qui pût choquer la vue d’une communauté régulière, ou qui fût directement opposé aux commandements de Dieu.