Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/30

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et ne pas penser que cette innocence primitive et ce beau caractère de dévotion se soient longtemps conservés, et aient fait le partage de ceux que nous voyons à présent.

La politique, qui ne peut rien souffrir de défectueux dans un État, voyant l’accroissement de ces reclus, leur désordre et leur dérèglement, a été obligée d’y mettre la main ; elle en a banni plusieurs, et retranché des constitutions des autres ce qu’elle n’a pas cru nécessaire à l’intérêt commun. Elle aurait bien voulu se défaire entièrement de ces sangsues qui, dans une oisiveté et une fainéantise horribles, se nourrissaient du labeur du pauvre peuple ; mais ce bouclier de la religion, dont ils se couvraient, et l’esprit du vulgaire dont ils s’étaient déjà emparés, ont fait prendre un autre tour, pour que ces sortes de compagnies ne fussent pas entièrement inutiles à la république.

La politique a donc regardé toutes ces maisons comme des lieux communs où elle se pourrait décharger de ses superfluités ; elle s’en sert pour le soulagement des familles que le grand nombre d’enfants rendrait pauvres et indigentes, s’ils n’avaient des endroits pour les retirer, et afin que leur retraite soit sans espérance de retour, elle a inventé les vœux, par lesquels elle prétend nous lier et nous attacher indissolublement à l’état qu’elle nous fait embrasser ; elle nous fait même renoncer aux droits que la nature nous a donnés,