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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/78

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d’aller trouver madame, et de lui faire des excuses particulières de sa rencontre, qu’elle aurait pu attribuer à une mauvaise curiosité : ce qu’elle fit malheureusement. Cela surprit tout à fait l’abbesse, et lui fit croire qu’elle n’avait eu que les restes et les égouts de quelque infirme de sa communauté. Elle en parla le lendemain dans son chapitre, et commanda, en vertu de sainte obédience, à celle qui s’était mise dans le bain de le déclarer ; mais pas une de la compagnie ne parla. Scolastique n’était pas des plus scrupuleuses et avait de l’esprit ; c’est pourquoi elle se tut. Ce silence général mit l’abbesse au désespoir. Elle cria, elle fulmina, elle menaça tout le monde, mais inutilement. Enfin, par le conseil d’un moine, elle pratiqua un plaisant stratagème. Elle fit assembler toutes ses religieuses, et leur représenta qu’il y en avait une d’entre elles excommuniée, et dans l’état de damnation, pour n’avoir pas révélé ce qui lui avait été commandé de dire en vertu de sainte obédience ; qu’un saint et savant homme lui avait donné un moyen sûr et infaillible de la découvrir, mois qu’elle lui permettait encore de parler, et d’éviter par ce moyen les rudes pénitences qu’elle s’attirerait par sa désobéissance formelle.

Agnès. — Oh ! Dieu ! que dans cet embarras je crains pour la pauvre Scolastique ; car tous les conseils des moines sont toujours pernicieux.

Angélique. — Madame voyant que cette dernière contrainte avait été sans effet, elle suivit l’avis qui