Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/81

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sait mal au cœur à madame de s’être, comme elle croyait, lavée dans les ordures de telles personnes.

Agnès. — Pour moi, je crois qu’elle fut soulagée quand elle connut que c’était Scolastique qui s’était mise dans son bain, parce qu’on ne se dégoûte pas d’une jeune fille propre et bien faite comme tu me l’as représentée. La pénitence qu’elle reçut me fait penser à celle de Virginie et aux enfants du bonnet carré des jésuites.

Angélique. — Il faut que je t’en fasse voir deux que j’ai dans ma cassette : il y en a un du Père de Raucourt, et l’autre de Virginie. Tiens, fais la lecture de celui-ci.

Agnès. — Voici quasi un caractère de fille : tout en paraît négligé :

Ah ! Dieu ! ma chère enfant, que ce commerce de lettres commence à m’ennuyer ! Il ne fait qu’augmenter mes feux, et il ne les soulage aucunement ; il m’apprend que Virginie me veut du bien, mais il me marque aussitôt qu’il m’est impossible d’en jouir. Ah ! que ce mélange de douceur et d’amertume cause d’étranges mouvements dans un cœur fait comme le mien ! J’avais bien ouï dire que l’amour donnait quelquefois de l’esprit à ceux qui en étaient dépourvus, mais je ressens chez moi un effet tout contraire, et je puis dire, avec vérité, qu’il m’ôte ce qu’il présente aux autres. Plusieurs s’aperçoivent de ce changement mais ils en ignorent la cause. Je prêchai hier