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Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/127

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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

À Aksoum, les Empereurs se trouvaient encore sur la grande route commerciale qui, partant de l’Égypte, passait à l’île de Méroé, arrivait à Aksoum, et par Adoulis aboutissait jusqu’à la Chine. Mais les nécessités politiques les portèrent à s’établir successivement au sud de leurs États, dans les provinces de Lasta et de l’Idjou, puis dans les basses contrées voisines occupées aujourd’hui par les tribus Afars, dites Taltals ou Danakils ; puis dans le Chawa, puis dans l’Amara, province restreinte aujourd’hui par l’invasion des Ilmormas musulmans du Wallo, dits Gallas ; plus tard, au delà de l’Abbaïe, dans le grand Damote qu’occupent maintenant les Ilmormas païens ; de là, dans le Sennaar, puis dans le Metcha, d’où ils transportèrent encore une fois leur cour à Idjou, puis sur la frontière du Harnacenn, et successivement dans plusieurs autres provinces, jusqu’à l’époque de la grande invasion musulmane conduite par Ahmed-Gragne, dans le seizième siècle environ, époque à laquelle ils fixèrent leur vagabonde capitale à Gondar, où vint expirer leur pouvoir et s’accomplir le dépouillement de leur famille et la ruine de l’Empire.

À l’origine, le mot Atsé impliquait les idées de protection et de gestion suprême ; mais, de même que celui d’Imperator chez les Romains, il est devenu, par corruption, synonyme de despote.

Pour devenir Atsé, il fallait être agnat de la famille de Menilek, et la primogéniture établissait le droit à la succession au trône ; mais ce droit n’était pas si impérieux qu’il ne pût être suspendu, lorsque l’empereur désignait son successeur, soit de son vivant, soit par testament, ou lorsque la nation manifestait spontanément ses vœux.