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DOUZE ANS DE SÉJOUR

épars au milieu des décombres sont insignifiants.

Le faubourg de Kouskouam n’est habité que par des cultivateurs. Le quartier de Bâta tire son nom de sa grande église investie du droit d’asile et renommée par son clergé nombreux, instruit et remuant ; il est surtout habité par des cultivateurs aisés ; en temps de troubles, les paysans y déposent de préférence leurs réserves de grains. Le quartier de l’Aboune, habité par quelques trafiquants et de petits propriétaires, jouit également d’un droit d’asile, peu respecté lorsque le légat est absent, mais qui, lorsqu’il y réside, attire une population indécise composée de réfugiés, de clercs et d’étudiants. Les trafiquants chrétiens forment presque à eux seuls le quartier de Dinguiagué. Le Salamgué, habité exclusivement par des musulmans, tous trafiquants ou tisserands, passe pour la réunion mercantile la plus considérable de l’Éthiopie par ses relations lointaines et ses richesses en numéraire. Ce quartier, un des plus populeux de la ville, en est cependant le moins salubre, tant à cause de sa situation basse, du voisinage immédiat de l’Angareb et du Kaha, que des épidémies qu’y apportent souvent les caravanes d’esclaves. Le quartier de l’Itchagué, le plus peuplé de tous, est en quelque sorte comme le cœur de la ville. Il doit son importance à son droit d’asile qui est presque toujours respecté. Le Dedjadj Oubié, le Ras Ali, et beaucoup de leurs notables, y possédaient des maisons où ils amassaient des provisions, et où leurs partisans se réfugiaient en temps de disgrâce. Ce quartier, ceint d’un haut mur, est peuplé de gens de toutes les classes : on y trouve des princes et des seigneurs déchus ou réduits au repos par l’âge ; des femmes de hauts personnages venues