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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

munes des frontières chrétiennes ont répondu à ces incursions par des incursions analogues, mais le plus souvent elles ont eu le dessous, parce qu’elles ne jouissaient pas d’autant d’initiative politique que les communes Gallas, et que d’ailleurs elles se trouvaient dans l’obligation d’envoyer leurs hommes auprès de leurs seigneurs engagés dans les guerres civiles qui désolaient l’Empire. Cet état de choses amena une dépopulation rapide en Damote et en Gojam. Les Polémarques de ces provinces marchèrent quelquefois contre les Gallas à la tête de leurs armées, mais les résultats furent d’accroître plutôt que d’amoindrir l’ascendant de leurs ennemis. Pour remédier à ces maux, les derniers Empereurs attirèrent, par des concessions territoriales et des franchises commerciales, un nombre considérable de colons gallas ; des districts entiers furent ainsi repeuplés, entre autres, celui du Metcha qui était, dit-on, presque désert. Tous ces colons embrassèrent le christianisme, et s’identifièrent tellement aux intérêts de leur patrie adoptive, qu’ils reprirent avec acharnement, contre les Gallas la guerre de frontières. Quelques-uns entretinrent néanmoins, de loin en loin, des relations avec leurs anciens compatriotes, ou prirent leurs filles en mariage. Parmi les familles qui conservèrent ainsi leurs traditions originelles, on comptait celle de Zaoudé, originaire des Gallas Amourous et établie dans le Damote.

Ce Zaoudé, qui avait acquis une grande réputation de bravoure dans les guerres de frontières, se rebella contre le Dedjazmatch du Damote, à l’occasion de quelque déni de justice. Il attira autour de lui, par ses largesses, les déserteurs, les insoumis, les mécontents de toute espèce, et ayant battu les