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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

On choisit pour cet office un homme d’âge, de bon conseil, savant feudiste et habile administrateur. La plus lourde responsabilité pèse sur lui : il est chargé de l’expédition de la plupart des affaires journalières ; aussi sa demeure est-elle constamment assiégée par des postulants. Il jouit de ses grandes entrées, mais ses occupations laborieuses ne lui permettent que rarement d’en profiter ; en revanche, des messagers vont et viennent continuellement de sa demeure à celle du Polémarque. Sa charge, la plus lucrative de toutes, le met à même de thésauriser ; il enrôle pour son compte de sept cents à douze cents combattants. Il campe sous une tente blanche à l’arrière-quartier du camp. À sa nomination, il est aussi revêtu d’une cotte-d’armes en soie.

Le Tekakin Blaten-Guéta (Blaten-Guéta des choses secondaires), ou Sénéchal ordinaire, lieutenant du précédent. Ses profits et droits de perception sont plus limités que ceux de son supérieur ; il a une place au Conseil, reçoit l’investiture d’un grand fief, et, à sa nomination, il est revêtu aussi d’une cotte-d’armes en soie. Il jouit des grandes et des petites entrées, et il voit le Polémarque bien plus fréquemment que ne le fait son supérieur, auprès duquel il campe sous une tente blanche. En Damote, le fief de ce fonctionnaire lui permettait d’entretenir de deux cent cinquante à quatre cents soldats, dont environ un quart de cavaliers, et une dizaine de francs-tireurs.

Le Moulla-Bet-Azzage (ordonnateur de toute la maison), ou Biarque, intendant général des vivres. Les panetiers, les boutilliers, les écuyers tranchants, les dégustateurs, les contrôleurs et les porteuses de l’hydromel, les sommiers, les gardiens de la pourvoi-