Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
361
DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

ayant la queue coupée, revient de droit au chef des timbaliers.

C’est ordinairement parmi les timbaliers, et sur la présentation de l’Alaka des timbaliers, que le Dedjazmatch nomme le Tchohaï-Tabbaki, ou gardien des crieurs qui réclament justice ; l’Alaka prélève un léger droit sur chacun de ces plaignants, et il jouit de plusieurs autres droits secondaires. Il répartit ses différents profits parmi ses timbaliers et nomme ses officiers subalternes. Il est investi d’un petit fief et il est aussi revêtu d’une cotte d’armes en soie. Il commande, mais n’exécute point les batteries, et doit être à cheval, en tête de ses hommes. On choisit pour ce poste un soldat courageux, car souvent il laisse sa vie sur le champ de bataille pour n’avoir point voulu faire tourner bride à ses timbaliers ou suspendre la batterie de la charge, à la sommation de l’ennemi. On choisit aussi un homme énergique pour timbalier de la timbale maîtresse, car la perte de cette seule timbale prive le chef de l’armée du droit de se faire précéder de ces instruments jusqu’à son investiture du Gouvernement d’une autre province qui comporte le droit de faire battre des timbales, ou jusqu’à ce qu’il en ait conquis d’autres par les armes. Les timbaliers touchent une paye relativement importante, mais ne jouissent d’aucune considération. Leur grossièreté, leur gourmandise et leur ivrognerie sont passées en proverbe. En marche, leur chef donne également le signal de jouer aux trompettes, au tambourin et aux flûtistes. Les joueurs de flûte, pris ordinairement parmi les fusiliers, et qui reçoivent alors double paye, varient depuis quatre jusqu’à quinze. Leurs flûtes, longues de deux pieds environ, sont faites en bambou de calibres gradués, et ne rendent chacune que cer-