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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

fils de prince ; mais n’en avez-vous pas un plus âgé à marier ?

— J’en aurais ; mais ils ne sont pas fils de ma femme.

— Peu importe, dès qu’ils sont bien les vôtres ; présentez-les moi.

— Ils sont restés à Gojam, excepté un garçon qui se trouvait ici tout-à-l’heure parmi mes gens.

— Et celui-là a-t-il une position ?

— Pas encore.

— Est-il bon cavalier ?

— Oui certes, et il a tué son premier homme.

— Eh bien ! voyons-le, fit la Waïzoro.

Le Lidj Birro, car c’était de lui qu’il s’agissait, se trouvait avec les gens de la suite aux abords de la maison, contemplant de loin, comme il me l’a raconté, l’heureux Tessemma qui, assiégé de courtisans, attendait, lui aussi, la sortie de son père. Une suivante l’appela, et il accourut pensant que le Dedjazmatch l’envoyait quérir pour quelque service de page ; mais la Waïzoro, le considérant attentivement, lui dit :

— Quel est ton nom, mon fils ?

— Birro, répondit-il en s’inclinant.

— Pourquoi ne m’as-tu pas été présenté ?

Et, s’adressant au Prince :

— On peut, seigneur, présenter un pareil fils.

Et, s’adressant à Birro :

— C’est bien, mon enfant, laisse-nous seuls.

Elle ne voulut plus entendre parler de Tessemma. Ce n’était point, disait-elle, un compagnon d’enfance qu’elle cherchait pour sa fille ; Birro, au moins, avait l’air d’un fils d’homme, et, pour prouver au Dedjazmatch son désir d’allier leurs maisons, elle con-