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DOUZE ANS DE SÉJOUR

pays, semblent perdre leur énergie dès qu’ils s’en éloignent. Le Dedjadj Guoscho me disait que, quel que fût leur nombre, il comptait peu sur eux ; du reste, leurs antécédents sont tels que, même sur le champ de bataille, on n’est pas assuré de leur concours : le Dedjadj Zaoudé, père du Dedjadj Guoscho, s’étant laissé entraîner par eux dans une guerre qui les concernait, les vit, au commencement d’une bataille, passer à l’ennemi au nombre de plus de 5,000 cavaliers. Enfin, les Agaws, très-fidèles aux engagements pris entre eux, ne se regardent pas comme liés par ceux qu’ils prennent envers les étrangers, et ils témoignent en tout par leur conduite à l’égard de leurs voisins du Metcha, du Damote et du Dambya, d’une incompatibilité qui justifie la tradition d’après laquelle ils seraient un peuple autochthone, dépossédé par les races qui prévalent aujourd’hui en Éthiopie.

Après six étapes fort courtes, nous débouchâmes, par le col de Dinguil-Beur, dans un pays ouvert. On disait que le Lidj Ilma s’avançait contre nous. De plus, les paysans se montrant hostiles à nos traînards et à nos éclaireurs, nous dûmes mettre un peu d’ordre dans notre marche ; car, bien que moins encombrés de femmes et de bagages que durant la campagne contre les Gallas, nous l’étions encore assez pour qu’un petit corps de cavalerie bien conduit pût nous mettre en déroute. Le Dedjazmatch se contenta de former une tête de colonne consistant en 2,500 à 3,000 hommes, en tenue de combat, et Birro, au lieu de nous précéder de plusieurs milles, ne marcha plus qu’à quelques centaines de mètres en avant.

Nous arrivâmes ainsi à la petite ville d’Ismala, dans