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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

importance, l’Azzage se tient debout au bas de la table, tant que dure le banquet qu’il surveille et dirige en sa qualité d’architriclin. Ce fut le signal de la distribution générale de l’hydromel ; chacun selon sa naissance ou son rang, reçut des deux mains et en saluant de la tête, soit un burilé, soit un hanap en corne de bœuf ou de buffle ; quelques-uns de ces hanaps étaient hauts d’une coudée. Les convives assis se reculèrent suffisamment pour laisser s’attabler ceux qui étaient restés debout derrière, et ceux-ci repus firent place à leur tour à plusieurs sections successives de soldats de la garde ; ces intrépides mangeurs ne tardèrent pas à faire table nette, mais la chaleur devint gênante par suite de l’entassement de tant de monde.

Les mimes et les bouffons commencèrent leurs facéties ; les poétesses, leurs longues tresses de cheveux leur ballant sur les joues, les veines du cou gonflées, effrontément appuyées sur les épaules des soldats, entonnèrent leurs vocalises stridentes, qu’elles terminaient par des distiques sur les plus braves combattants.

On rappela à Monseigneur que deux notables, envoyés d’Ilma, étaient arrivés depuis le matin ; il les fit introduire, les accueillit courtoisement et recommanda à l’échanson de veiller à ce qu’ils ne manquassent de rien. Il se fit un demi-silence, et deux trouvères, s’accompagnant de la guzla, chantèrent en langage relevé les victoires du maître et les prouesses de quelques-uns de ses familiers. Attila recevant les ambassadeurs romains à la fin d’un repas, deux Scythes s’avancèrent et célébrèrent les victoires de leur chef.

Les têtes s’échauffaient de plus en plus, le bourdon-