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CHAPITRE XI

VISITE AU DEDJADJ OUBIÉ — RETOUR À MOUSSAWA — QUERELLE AVEC LE DEDJADJ OUBIÉ — RAPPORTS DU GOUVERNEMENT BRITANNIQUE AVEC LA FAMILLE DE SABAGADIS — DÉPART POUR ADEN


Comme les soldats de Woldé Teklé rôdaient sans cesse autour de Gondar, je partis de nuit, sans bagage d’aucune sorte et comptant vivre d’hospitalité. Je n’étais accompagné que d’un seul fusilier et d’une douzaine de rondeliers ; mon cheval, conduit à la main, ouvrait notre marche : son riche harnais et sa belle apparence nous attiraient des marques de respect le long de la route. Nous cheminâmes à petites journées, de façon à faire étape dans les localités les mieux pourvues ; mais notre régime était fort inégal. Un soir, nous nous présentâmes à un village dont l’aspect prospère nous promettait bon repas et bon gîte : on nous assigna la maison des étrangers, qui se trouve dans la plupart des villages des hauts pays et qu’on donne ordinairement aux voyageurs de peu d’importance. Selon l’usage, mes gens y brûlèrent une poignée de paille afin d’y faire entrer mon cheval, car on croit vulgairement que les farfadets, lutins et autres esprits malfaisants hantent l’habita-