maisonnette, où nous mangeâmes tous les trois une grande écuellée de riz fortement assaisonnée de carry ; puis, ayant fait servir le café une seconde fois, il s’enquit de ce qui nous amenait à Toudjourrah. Je lui dis que je venais attendre sous sa protection qu’il se formât une caravane pour le Chawa, et à cet effet, je lui demandai de me faire louer une maison pour moi et mes deux compagnons restés à bord.
Il me promit des maisons, tant que j’en voudrais, et me fit entrer dans maints détails que j’eus soin d’exposer de façon à l’affriander par les profits à tirer de nous. Je me levais pour disposer notre débarquement, lorsqu’il me dit :
— Tu as sans doute le papier ?
— Quel papier ? répondis-je.
— Le permis d’Aden, pour ton débarquement.
J’alléguai ma qualité de Français et mon indépendance sur une terre relevant de Constantinople.
— C’est possible, reprit-il avec suffisance, mais le gouverneur d’Aden, notre ami, désire qu’on ne s’arrête pas ici sans sa permission.
Je lui dis que j’étais prévenu et que je m’attendais à cette réponse, mais qu’étant venu pour m’assurer si, comme on le disait, Toudjourrah interdisait son territoire à mes compatriotes, je ne pouvais me contenter d’une déclaration verbale ; qu’il voulût bien me la donner par écrit, et qu’immédiatement je remettrais à la voile.
Ayant vainement essayé de me dissuader, il m’engagea d’un air paterne à remonter à bord pour me concerter, disait-il, avec mes compagnons, et revenir ensuite m’expliquer avec son conseil, qu’il allait convoquer. Mais sentant sous mes semelles cette terre de Toudjourrah, qui commençait dans mon