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DOUZE ANS DE SÉJOUR

contrées hautes et contrées basses, et, comme ces deux idées doivent entrer fréquemment dans les descriptions du pays, nous emprunterons à la langue amarigna, langue la plus généralement parlée en Éthiopie, les termes de relation deuga et koualla[1] ; celui-ci désignant des contrées dont les plus hautes ne dépassent guère 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dont les plus basses sont affaissées au-dessous même de ce niveau ; celui-là, des contrées élevées à 2,400 mètres au moins au-dessus du niveau de l’Océan. Ces termes deuga et koualla correspondent aux termes arabes nedjd et tahama, qu’on pourrait à la rigueur exprimer en anglais par les mots high-land et low-land. Si la contrée est d’altitude mitoyenne, c’est-à-dire de 2,000 à 2,400 mètres environ, les Éthiopiens lui donnent le nom de woïna-deuga, ou deuga susceptible de produire la vigne ; ils donnent le nom de beurha aux kouallas les plus bas, et en Gojam, celui de tchoké aux deugas d’une altitude de plus de 3,000 mètres ; mais on peut dire que les deux désignations génériques servant à fixer l’esprit au sujet de l’altitude d’une contrée sont deuga et koualla.

Les Éthiopiens, dépourvus de mesures pour indiquer l’altitude d’un lieu, caractérisent habituellement les deugas et les kouallas par leurs productions les

  1. Pour ne pas élever une discussion analogue à la mémorable et malheureuse querelle de Ramus, à propos de la prononciation de la lettre u placée après q, et pour ne pas enfreindre l’usage grammatical qui veut qu’en français le q soit toujours suivi d’un u au commencement d’un mot, j’écris koualla, quoique le k français, comme le kh et le c dur, représente une articulation gutturale que nous ignorons, et qu’il me semble que si j’écrivais qoualla, la lettre q se rapprocherait davantage du k claqué que nous n’avons pas et qu’il faudrait pour mieux figurer la prononciation de ce mot.