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connoître Soy-meme.

esse pour l’objet estimé, qui cherche à luy faire du bien, ou qui luy en souhaite. Nous aymons de cette maniere Ie merite étranger, éloigné & qui n’a aucun raport avec nous ; mais comme nous verrons cy-aprés, il n’est pas facile d’en trouver de ce caractere.

Nous nous aymons au contraire nous-mêmes par Sentiment & non pas par Raison. L’amour de nous-mêmes précede Ie jugement que nous faisons, que nous devons nous aymer, & nous aurions beau faire mille raisonnemens contraires à ce penchant, nous ne laisserions pas de nous aymer toûjours.

Enfin, Dieu s’ayme luy-même par Raison & par Sentiment, par raison, parce qu’il connoit ses propres perfections ; par sentiment, parce qu’il goûte sa beatitude infinie, & c’est par raison & par sentiment que nous devons aussi l’aymer, par raison, puis qu’il possede toutes les perfections, par sentiment, puis qu’il nous communique tous les biens que nous pouvons sentir & posseder. Dieu semble demander ici l’amour de sentiment. Il ne dit pas, je suis Ie Dieu