Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous dveés même defirer sans bornes la Souveraine selicité, craindre sans bornes la souveraine misère & qu’il y auroit même du dérèglement à n’avoir que des desirs bornés pour un bien infini.

En effet si l’homme ne devoit s’aymer luy même, que dans une mesure limitée, le vuide de son cœur ne devroit pas être infini, & si le vuide de son cœur ne devoit pas être infini, il s’ensuivroit qu’il n’auroit pas été fait pour la posseision de Dieu : mais pour la possession d’objets finis & bornés.

Cependant la Religion & lexperience nous aprennent également le contraire. Rien n’est plus legitime & plus juste que cette insatiable avidité, qui fait qu’aprés la posseision des avantages du monde, nous cherchons encore le Souverain bien. De tous ceux^pi l’ont cherché dans les objets de cette vie, aucun ne l’a trouvé. Brutus qui avoit fait une prosession particuliere de sagesse, avoit creu ne pas se tromper en le cherchant dans la vertu : mais comme il aymoit la vertu pour elle même, au lieu qu’elle n’a rien aymable & de K. 2 loiia