Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/332

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Une semme est des honorée pour avoir été seduite, & celuy qui est l’auteur de cette seduction, en fait le motif de sa vanité. II y a assurement bien de extravagance dans ce préjugé : cependant ce désordre de nos jugemens est fondé sur la maxime que nous avons établie. On conçoit dans le monde que les hommes ont mille endroits pour se faire valoir. Toutes les sources de la gloire leur font ouvertes. Une semme est bornée à cet égard. Elle ne peut ni gouverner les Etats, ni commander les armées, ni reiislìr dans les arts, & dans les sciences, du moins ordinairement & les exemples du contraire font trop rares pour tirer à consequence : mais elle peut être honnête semme, c’est pourquoy rien ne fait plus d’honneur à une semme que la chasteté. L’Empire de la beauté qui dans le monde fait austì lhonneur des semmes, ne sauroit faire celuy d’un homme qui est naturellement destiné à autre chose qu’à se faire aymer. II arrive même quelque fois qu’un vice bien placé passe pour une grande vertu, & qu’une