Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/345

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ter J’oreille. On faic des mélanges voluptueux de couleurs, de sons, d’odeurs ; on s’en sert pour rehausser le plaisir de la bonne chere, & on employe celle-cy avec tous ces autres objets agreables pour accompagner les plaisirs encore plus criminels. Et ce plaisir des sens eît fi considerable aux hommes que lors qu’ils veulent se faire eitimer & considérer les uns les autres, ils cherchent le moyen de fkter les sens de ceux qui les aprochent. Ils ayment les parures riches & brillantes pour plaire aux yeux, les essences pour flater l’odorat, d’avoir la voix belle, ou de savoir jouër des instrumens pour donner du plaisir à J’oreille. Tout cela entre dans l’estime que les hommes ont les uns pour les autres. On confond les voluptés avec les persections, & lexcellence ne se trouve que dans ce qui nous divertit.

Quoy que cette volupté paroisse d’autant plus criminelle qu’elle occupe davantage nôtre ame, & d’autant plus dangereuse qu’elle est plus commune entre les hommes, j’avoue neanmoins que je ne fuis point du sentiment de O f ceux,