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connoître Soy-meme.

point Ie corps, dont elle separe les parties, comment anéantira-t-elle cet esprit, cetce intelligence, qui n’estant ni étendüe, ni mouvement, ni union de parties, n’a évidemment aucun raport naturel à toutes ces choses susceptibles de dissolution ?

Les perfections de l’homme, dépendent aussi de son immortalité. En vain trouverions nous une espece d’infinité dans les sensations de nôtre ame, diversifiées à l’infini selon la diversité des choses exterieures qui en sont l’occasion, dans nôtre imagination capable d’assembler des images sans nombre pour nous répresenter les objets ; dans nôtre esprit, qui n’est jamais las de connoître, & dans nôtre cœur qui desire à l’infini : si n’ayant esté faits que pour Ie temps & ne devant durer que quelques années, nous ne pouvions avoir, qu’un nombre de sensations borné, ni imaginer que pendant un certain temps fort court, ni avoir qu’une succession de pensées proportionnée à la brieveté de nôtre vie ; ni enfin posseder qu’une felicité passagere & bornée. Car il n’y