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L’ÉTOFFE MERVEILLEUSE.

prêt à faire une bonne querelle à la reine sa femme. Cependant il soutient noblement sa dignité, et à chaque nouvelle observation qu’on lui fait faire, il répond par des éloges de l’ouvrage invisible et par des complimens pour les ouvriers. Si bien que dans toute la cour il n’y eut personne qui ne parlât de l’étoffe merveilleuse, et qui ne crût assurer son honneur en soutenant qu’il l’avait vue.

Enfin mes aventuriers en vinrent jusqu’au point de proposer au roi de lui faire un habit de cette étoffe, pour qu’il le portât un jour de cérémonie. Le roi, qui devait effectivement paraître en public à peu de jours de là, se piqua de vouloir reconnaître s’il n’y aurait point dans sa capitale un ou deux compagnons de son infortune, qui fussent moins discrets que lui.

Les aventuriers firent le jeu de lui prendre sa mesure, de tailler un habit, de le coudre, et d’habiller sa majesté, qui, toute nue en chemise, monta sur un beau cheval, et tra-