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Page:Abel Hugo - Le Conteur.djvu/52

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L’HEURE

vasion, loin de ses cloîtres dévastés, les moines avaient abandonné leurs cellules paisibles. L’herbe des champs croissait dans l’église, l’autel était dépouillé de ses ornemens sacrés, et, seul au milieu de la ruine générale et de la désolation du lieu saint, y était resté debout un grand Christ en marbre noir.

Le régiment de hussards, où servait Albert, campait autour du couvent ; le jeune officier avait établi, son bivouac devant le porche ruiné de l’église.

C’était la nuit ; les étoiles scintillaient dans le sombre azur, comme des paillettes d’or sur la robe noire d’une veuve de Séville ; la lune glissait lentement sur le ciel, et montrait son croissant pâle, semblable à l’arc courbé du sagittaire. Albert, étendu auprès du feu à moitié éteint de son bivouac, était enveloppé dans son large manteau ; sa tête fatiguée reposait sur la selle de son cheval. Déjà il n’entendait plus que le cri aigu du