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DE LA MORT.

porté, sans en rien faire paraître, la douleur qui brisait son ame, il ne conserva pas plus long-temps cette trompeuse sécurité ; sa mère s’aperçut la première de sa peine cachée ; sa jeune épouse ne tarda pas à en être instruite ; mais il sut, malgré leurs touchantes sollicitations, conserver dans son cœur le secret terrible, qui avait empoisonné le bonheur de sa vie.

Un mois lui restait encore pour aimer sa famille, et pour veiller à ses destins quand il serait éternellement séparé d’elle. Sa prudence prévoyante établit l’ordre dans ses affaires, et, débarrassé des inquiétudes matérielles du monde, résigné à son sort, il attendit l’heure marquée avec une indifférence stoïque. La certitude de sa mort prochaine rendait la tranquillité à son ame, comme aurait fait un malheur long-temps redouté et arrivé enfin.

Le mois s’écoula, le dernier soleil se coucha pour Albert : alors, rassemblant toutes