Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres I.djvu/245

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veuves qui sont vraiment veuves, » dit-il ; et encore : « Que celle qui est vraiment veuve et abandonnée espère en Dieu, qu’elle persévère nuit et jour dans la prière, et cela surtout pour qu’elle demeure sans tache ; » et encore : « Si quelque fidèle a des veuves, qu’il les secoure ; que l’Église n’en soit pas chargée, afin qu’elle puisse subvenir aux besoins des véritables veuves. » Or, il appelle véritables veuves celles qui n’ont pas déshonoré leur veuvage par un second mariage et qui, persévérant dans cet état par esprit de piété, non par nécessité, se sont consacrées au Seigneur. Il les appelle abandonnées, parce qu’elles ont renoncé à tout, ne se sont réservé aucune consolation sur la terre et n’ont personne pour prendre soin d’elles. Ce sont celles-là qu’il ordonne d’honorer et d’entretenir aux dépens de l’Église, comme sur le revenu propre du Christ leur époux.

IV. Il indique aussi expressément quelles sont celles d’entre les veuves qui peuvent être choisies pour le ministère du diaconat : « Choisissez pour diaconesse, dit-il, une femme qui n’ait pas moins de soixante ans, qui n’ait eu qu’un mari, dont on puisse rendre le témoignage qu’elle a fait le bien, élevé des enfants, donné l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, accompli toutes sortes de bonnes œuvres. Évitez les veuves trop jeunes. » Et saint Jérôme développant ce dernier point : « Évitez, dit-il, pour le service du diaconat, les veuves qui sont trop jeunes, de peur qu’elles ne donnent le mauvais exemple au lieu du bon : elles sont plus exposées à la tentation, plus faibles, et faute de cette expérience, qui est le fruit de l’âge, elles pourraient être un sujet de scandale pour celles dont elles devraient être l’édification. » Ces scandales des jeunes veuves, au sujet desquels l’Apôtre était si bien éclairé, il les fait expressément connaître, il en prévient le danger. Après avoir dit : « Évitez les jeunes veuves, » indiquant aussitôt le motif de cette prescription, et avec la prescription le remède, il ajoute : « Après avoir joui de leur union en Jésus-Christ, elles veulent se remarier et encourent la damnation en violant leur foi ; d’autre part, s’adonnant à l’oisiveté, elles s’accoutument à courir de maison en maison ; et elles ne sont pas seulement désœuvrées, elles sont causeuses, curieuses, parlent de ce dont elles ne devraient pas parler. J’aime donc mieux que les jeunes veuves se remarient, qu’elles aient des enfants, qu’elles gouvernent un ménage et qu’elles ne donnent à nos ennemis aucune occasion de nous diffamer ; car il en est déjà qui ont quitté le Christ pour suivre Satan. »

Saint Grégoire s’inspirait aussi de la sagesse de l’Apôtre au sujet du choix des diaconesses, quand il écrivait, en ces termes, à Maxime, évêque de Syracuse : « Nous vous interdisons très-expressément de nommer de jeunes abbesses ; que votre fraternité ne permette donc à aucun évêque de donner le voile à aucune vierge qui ne soit sexagénaire, et dont la vie et les mœurs n’aient été mises à l’épreuve. » On appelait autrefois diaconesses celles que nous nommons aujourd’hui abbesses ; on les considérait comme des servantes plutôt que comme des mères. Diacre, en effet, signifie serviteur, et l’on