de ces saintes femmes l’emporte sur celui des solitaires des deux sexes, et que les paroles du Seigneur aux incrédules : « Les courtisanes vous précéderont dans le royaume de Dieu, » peuvent être appliquées même aux hommes fidèles, et que les derniers, suivant la différence de sexe et de vie, deviendront les premiers, les premiers les derniers. »
Enfin, qui ne sait que ce sont des femmes que les exhortations de Jésus-Christ et le conseil de l’Apôtre ont enflammées d’un tel zèle de chasteté que, pour conserver à la fois la pureté de l’âme et du corps, elles s’offrirent elles-mêmes en holocauste au martyre et s’efforcèrent, en conquérant cette double couronne, de suivre dans toutes ses voies l’Agneau, époux des vierges ? Cette perfection de vertu, rare chez les hommes, nous la trouvons fréquemment chez les femmes. Quelques-unes ont poussé si loin ce zèle de chasteté de la chair, qu’elles n’ont pas craint de se défigurer pour ne pas perdre la pureté immaculée dont elles avaient fait vœu, et arriver vierges à l’Époux des vierges.
Et lui, il a montré combien ce pieux dévouement des saintes femmes lui était agréable : dans une éruption de l’Etna, un peuple entier d’infidèles recourant à la protection de la bienheureuse Agathe, il permit qu’en opposant le voile de la sainte aux flots de la lave, le peuple fût sauvé corps et âme du terrible incendie. Nous ne voyons pas qu’aucun capuchon de moine ait jamais eu le don d’opérer un tel prodige. Nous savons bien que, touchées par le manteau d’Élie, les eaux du Jourdain se divisèrent, et que le même manteau servit à ouvrir à Élisée un passage à travers la terre. Mais c’est une foule immense de Gentils que le voile de cette vierge a sauvés corps et âme, et c’est le chemin du ciel qu’il leur a ouvert par leur conversion.
Une chose encore relève singulièrement la dignité de ces saintes femmes, c’est qu’elles se consacrent elles-mêmes par ces paroles : « Il m’a engagée par son amour ; c’est à lui que je suis fiancée. » Telles sont, en effet, les paroles de sainte Agnès, et la formule par laquelle les vierges prononcent leurs vœux et s’unissent à Jésus-Christ.
IX. Veut-on suivre chez les Gentils l’histoire des établissements de votre ordre et se rendre compte de la considération dont ils jouirent, pour en tirer des exemples propres à vous encourager ? On reconnaîtra sans peine qu’il s’est fait parmi eux certains essais de cette nature, l’esprit de la foi excepté, et qu’il existait, chez eux comme chez les Juifs, maintes pratiques que l’Église a conservées en les améliorant. Qui ne sait, en effet, que l’Église a emprunté à la synagogue toute la hiérarchie ecclésiastique, depuis le porteur jusqu’à l’évêque, ainsi que l’usage de la tonsure, qui est le caractère du clerc, et les jeûnes des Quatre-Temps, et la fête des Azymes, et tous les ornements sacerdotaux, et certaines cérémonies de dédicace, et d’autres for-