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Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres II.djvu/190

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QUESTIONS D’HÉLOlSE ET RÉPONSES D’ABÉLARD. 427

beau, trouvèrent la pierre du tombeau écartée, entrèrent et ne trouvèrent point le corps de Jésus ; et ayant appris par des anges la résurrection du Seigneur, elles l’annoncèrent aux disciples, et ceux-ci n’y crurent point.

Étant données les versions différentes des Évangélistes, nous cherchons, en premier lieu, comment il se peut faire que, selon le texte de Jean, Marie, venant au tombeau dès le matin, avant le jour, ait vu la pierre enlevée, tandis que plus tard, selon saint Marc, la même Maiie, mère de Jacques, et Salomé, venant au tombeau, le soleil déjà levé, se demandent les unes aux autres : « Qui nous enlèvera la pierre de l’entrée ? • — Si Marie-Madeleine avait vu la pierre enlevée avant le jour, c’est-à-dire quand il faisait encore nuit, d’où vient que, le soleil déjà levé, elle et ses compagues s’in- quiètent de savoir comment pourra être enlevée cette pierre, qu’elle avait auparavant vu enlevée ? —En second lieu, nous cherchons comment il se fait que, dans saint Marc, les femmes soient représentées comme n’ayant annoncé à personne la résurrection du Seigneur dans leur effroi, tandis que les autres Évangélisles affirment le contraire. Enfin saint Jean rapporte que Marie- Madeleine, et personne autre avec elle, annonça à Pierre et à Jean que Jésus avait été enlevé du sépulcre, et cela avant de l’avoir vu, et que ceux-ci y coururent aussitôt ; tandis que, d’après saint Luc, c’est la même Marie, et avec elle plusieurs autres femmes qui, après avoir appris la résurrection du Seigueur, l’annoncèrent aux disciples, et que c’est alors que Pierre courut au tombeau.

Béponse d’Abélard.

Saint Jean ne parle que de Marie-Madeleine et point des autres femmes, à propos de la résurrection. Non pas qu’elle ait assisté seule aux choses qui se passèrent alors, mais parce qu’il voulait signaler particulièrement le zèle de cetie femme, afin de faire de son fortifiant exemple un moyen d’émulation pour les autres. Plus ardente dans son amour, plus inquiète de la résurrection, elle vint donc la première, intrépide, alors qu’il était uuit encore, au tombeau, puis elle s’en retourna vers les siens, cher- chant avec sollicitude si quelqu’un avait des nouvelles sûres de la résurrec- tion. N’ayant rien trouvé, elle revint au tombeau, le soleil déjà levé, et c’est alors seulement que la pierre fut écartée, bien que saint Jean dise, par an- ticipation, que Marie l’avait antérieurement vue écartée. Elle sut donc avant les autres, parce qu’elle était plus inquiète, que la pierre était écartée, et croyant que le Seigneur avait été enlevé, elle revint en toute hâte, et annonça la nouvelle à Pierre et à Jean. Puis elle revint avec eux au tombeau, et, tandis qu’ils se tenaient éloignés, elle demeurait debout à l’entrée du tombeau, tout en pleurs, les autres n’osant pas approcher aussi près. C’est alors qu’elle vit la première, comme elle avait mérité de les voir, les anges d’abord, puis le Seigneur ; et après elle, l’autre Marie qui, selon saiutMa-