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Qt ESTIONS D’HÊLOÏSE ET RÉPONSES D’ABÉLARD. M5

effet, dans l’Église présente, les religieux que l’ardeur du désir soulève le plus vivement vers les cieux et qui sont comme les êtres ailés qui volent dans les espaces des airs, sont comparés aux oiseaux ; les gens de bien ma- ries sont les auimaux qui en partie, c’est-à-dire par les pieds, touchent la terre, et en partie n’y tiennent pas, leur corps ne s’y roulant point. Celui qui est marié, en effet, est, pour ainsi parler, divisé en deux : il sert Dieu, et il est attaché au siècle par les nécessités pressantes du mariage 11 tient donc à la terre par les pieds, c’est-à-dire par la partie inférieure de son être, en ce sens qu’il est l’esclave des soins de la terre, à cause des occupa- tions du mariage qui appartiennent à la vie passagère. Quant aux reptiles dont le corps tout entier traîne sur la terre, et qui ne peuvent, en aucune façon, s’en soulever, ce sont les réprouvés attachés corps et âme, aux désirs de la terre et plongés dans l’abîme des vices, les réprouvés desquels il est écrit : « Lorsque le pécheur est tombé dans l’abîme des vices, tout lui est à mépris. » Voilà pourquoi aus>i il n’est pas permis, dans un sacrifice, d’offrir des poissons à Dieu. C’est donc avec raison qu’on dit que les oiseaux et les animaux qui marchent furent seuls amenés dans le Paradis à Adam pour qu’il les nommât, et point les reptiles. Eu effet, de tout le peuple de l’Église actuelle dans laquelle la paille est encore mêlée au grain, les religieux et les gens hounéles qui sont mariés doivent seuls parvenir au vrai Paradis de la patrie céleste, et être dignes de l’appel de Dieu (leurs noms sont déjà écrits au livre de vie). Sur cet appel de Dieu, voici ce que dit l’Apôtre : « Ceux que Dieu prédestinait ; il les a par là même appelés ; et ceux qu’il a apjielés, il les a justifiés. »

QUARAKTE-UMElfE QCESTIOR d’h£L0ÏSE.

Nous demandons qui a ajouté à la fin du Deutéronome, c’est-à-dire à la fin des cinq livres de Moïse, ce qui est raconté de la mort de Moïse ? Est-ce Moïse qui Ka écrit lui-même dans un élan d’esprit prophétique, si bien que cet appendice doive être considéré comme une partie de son œuvre, ou bien est-ce une addition de quelque main étrangère ?

Réponse d’Abclard.

« C’est Fsdras, qui. ainsi que le rapporte Bède, a rédigé non-seulement la Loi, mais même, d’après la commune tradition, toute la suite des saintes Écritures, — laquelle avait été brûlée dans un incendie, — et qui l’a ré- digée suivant les besoins tels qu’il se les représentait, » c’est Esdras qui a ajouté cette partie, comme tant d’autres, au texte de l’Ancien Testament. Nous voyons certains passages ajoutés par les traducteurs au texte des Évan- giles. Tel ce passade de saint Mathieu : « Éli, Éli, lamma Sa ba et ha ni ? » c’est à-dire : t Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » De même, dans les autres Évaugélistes qui ont écrit eu hébreu, non en